Cela a commencé de manière insidieuse il y a déjà quelques années quand certains mots sont devenus tabous. On les a remplacés par des locutions compliquées qui désignaient de manière alambiquée ceux que les néo-bienpensants ne faisaient au fond qu’ostraciser. Alors qu’ils n’avaient rien demandé.
On en a ri, avant d’en pleurer.

Le processus s’est étendu petit à petit aux sujets, qu’il n’était plus question d’aborder. Mais nous n’avions déjà plus les mots pour en parler.

Puis, poussant le curseur toujours plus loin, une fois les mots et les sujets éradiqués, est venue l’idée novatrice de refaçonner ces sujets en niant les caractéristiques qui pourraient heurter les sensibilités. Mais là encore, de quelles sensibilités parle-t-on ? Et qui les met en avant, et en vertu de quoi ?
N’est-ce pas faire montre d’une certaine arrogance que de désigner des causes, et de se croire à ce point supérieur qu’on s’estime être les seuls à pouvoir les défendre ?
La désignation des ségrégations n’est-elle pas déjà une ségrégation ?

Qu’on les appelle un chat, une cocotte-minute ou un serpent à sonnette, les choses restent ce qu’elles sont, et il est des évidences qu’on ne peut pas nier.
Qui ne disparaissent pas parce qu’on ne les nomme pas, ou qu’on les nomme autrement.
Ce n’est qu’une question de mots.